Comment Libérale CHAHOUNKA se bat pour l'épanouissement de la femme ?
20 août 2020
Elle nous partage sa vision et nous parle de son combat pour l’épanouissement de la femme.
Votre objectif est le développement personnel et plus précisément celui de la femme.
Pourquoi cette cible? Qu'est-ce qui a motivé votre décision ?
Pourquoi les femmes et plus précisément les femmes africaines? D’abord parce que je suis une femme et une femme africaine .
Ensuite parce qu’en tant qu’africaine et peu importe l’endroit où nous vivons, nous sommes non seulement confrontées aux discriminations que subissent les femmes en général, celles auxquelles sont confrontées les femmes noires mais en plus, il y a des spécificités liées à certains dogmes et à certaines coutumes africaines qui viennent complexifier notre situation.
Nous sommes des battantes, des femmes fortes avec une grande capacité de résilience et nous avons un potentiel énorme. Je dis cela en pensant à n’importe quelle femme africaine « ordinaire ».
Je pense que nous avons oublié qui nous sommes et qu’il faut que nous nous réveillions et retrouvions la place qui est la nôtre dans nos sociétés.
J’adore lire, et à travers mes lectures, j’ai découvert le développement personnel, à un moment où je traversais des moments très difficiles et cela m’a énormément aidée, apaisée et fait grandir.
Je pense que nous ne nous intéressons pas assez au développement personnel, qui à mon sens, a des avantages énormes dans l’accomplissement de soi et l’épanouissement. C’est pour cela que mon blog existe.
Que représente la femme africaine à vos yeux ?
Il est difficile de définir la femme AFRICAINE car elle n’est pas une entité unique, nous avons des cultures, des coutumes et des traditions différentes d’un pays à l’autre sur le continent et même à l’intérieur de nos propres pays.
Mais nous avons une chose en commun: malgré les discriminations, le sous développement, la pauvreté sur le continent, malgré le poids du patriarcat, la femme africaine, comme je l’ai dit plus haut est forte et pleine de ressources!
Si je prend n’importe quelle femme de mon entourage par exemple, malgré toutes les difficultés économiques, malgré les conditions de vie difficiles, elles gardent le sourire, élèvent leurs enfants et se battent TOUS les jours. Pour moi la femme africaine est l’exemple même de la résilience.
Elle est la définition de l’expression fondatrice de mon blog:
Blossom whatever The conditions
Est-on moins une femme africaine quand on n’est pas une femme "forte" ?
Justement non! Nous devons revenir à plus de vulnérabilité et d’authenticité: ce n’est pas parce que la société nous oblige à supporter tant de choses que nous sommes condamnées à perpétuellement subir en serrant les dents.
Je pense que malgré tout ce que j’ai dis précédemment nous pouvons choisir notre propre vie et la vivre en dépit de tout.
Je parle de cette «Femme forte » dans un article sur mon blog où il est question d’une trentenaire qui estime que parce qu’elle n’est pas mariée et n’a pas d’enfant, sa vie est foutue.
La force que nous devons retrouver c’est celle qui consiste à CHOISIR sa vie et à la réussir malgré tous les diktats et les injonctions auxquelles nous sommes soumises.
J’ajouterai que ce qui fait l’africanité c’est l’origine, la culture, nos traditions et nos valeurs africaines.
Une femme a-t-elle besoin de choses spéciales pour s'épanouir?
Ceci est une question très subjective : chaque femme doit définir ce qui contribue à son propre épanouissement. Pour certaines femmes, c’est la carrière, pour d’autres ce sont les enfants, la vie au service des autres ou les passions etc.
C’est à chaque femme d’identifier ce qui contribue à son propre épanouissement et de s’y atteler résolument parce que l’une des choses fondamentales que j’ai apprises ces dernières années c’est que tout part de nous.
Si en tant que femme on n’est pas comblée de l’intérieur, si on n’est pas épanouie soi-même, on ne peut pas être une bonne mère ni une bonne épouse etc.
Dites nous, quelles sont les valeurs fondamentales que vous prônez et pourquoi?
Je pense qu’il est fondamental pour la femme et en particulier la femme africaine d’avoir son indépendance financière. Je reviendrai plus tard sur la raison pour laquelle ceci est encore plus crucial pour les africaines.
Gagner son propre argent est indispensable en premier lieu pour son propre épanouissement parce que travailler permet d’exister socialement et non pas seulement à travers son mari ou ses enfants. Vous l’aurez compris je crois fermement que nous sommes beaucoup plus que des épouses et des mères.
De plus, il est, selon moi difficile de se faire totalement respecter par un homme qui finance toutes les dépenses d’un foyer. A un moment on devient une charge qui pèse, surtout à une époque où la vie coûte tellement chère.
Ceci est d’autant plus vrai qu’en Afrique la majorité considère que le boulot abattu chaque jour par une femme au foyer est négligeable et pourtant il est considérable.
Beaucoup de femmes africaines pensent que le mariage met à l’abri du besoin. Beaucoup se marient comme si elles ouvraient un compte en banque et attendent que leur époux pourvoit à tout.
Certaines font l’erreur de penser que le fait d’être dotée les met également à l’abri. Or nous savons que dans la majorité des pays africains, les lois ne protègent pas les femmes, surtout en cas de séparation.
Voilà pourquoi il me semble indispensable qu’une femme ait son autonomie financière et ce, même si son mari est millionnaire. Pour moi, l’ambition d’une femme doit aller au delà de la richesse ou des revenus de son mari.
Nos mamans nous l’ont toujours dit «ton boulot doit être ton premier mari». Au demeurant nos mères et nos grands-mères ont toujours travaillé notamment aux champs avec leur mari. Le travail pour moi est une valeur centrale.
Je prône également la solidarité entre femmes, la sororité. Il est temps que nous devenions des « sœurs » il est temps que nous copions un peu les hommes sur ce point: leur solidarité entre eux est une force qui leur permet de dominer les femmes depuis toujours.
En observant les hommes, vous verrez que lorsqu’ils sont à un poste de responsabilité, ils recrutent en priorité d’autres hommes, même si parfois ces derniers sont moins compétents que des femmes.
Leur réflexe c’est de recruter leurs pairs en premier lieu. Souvent ils ne pensent pas à des candidates féminines, cela renforce leur suprématie et maintien les femmes dans des boulots souvent précaires et/ou de niveau inférieur, alors que souvent elles sont compétentes pour occuper ces postes.
Par ailleurs, beaucoup de femmes africaines restent éloignées de l’emploi parce que ces hommes décideurs ne leur donnent leur chance. Imaginez si nous commencions à recruter des femmes à des niveaux de responsabilité, cela équilibrerait un temps soit peu les choses.
De plus, vous ne verrez presque jamais des hommes s’attaquer entre eux ou se mettre en compétition pour des raisons futiles. Or entre nous les femmes bien souvent, il y a une rivalité latente et comme beaucoup le disent, « il n y a pas pire ennemie pour une femme qu’une autre femme »
Nous devons changer à ce sujet: nous soutenir, nous défendre mutuellement et être solidaires.
Lorsque nous sommes en mesure de décider, il faudrait que nous commencions à recruter des femmes: le monde est privé de tant de talents et de potentiel féminin. Les hommes ne le feront pas à notre place.
Enfin je pense que nous ne devons plus subir en silence tout ce que la société nous impose. Parce que nous nous taisons certaines choses continuent de se produire. Il est temps de se faire entendre.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien en tant que femme ?
Je vis la même vie que toutes les femmes qui doivent cumuler carrière et vie familiale avec les difficultés qui vont avec et comme elles toutes, je m’organise.
Je dirai que pendant longtemps, il y avait des difficultés que je rencontrais et contre lesquelles j’ai beaucoup lutté jusqu’à trouver un équilibre et elles sont donc moins présentes dans ma vie aujourd’hui.
Pendant longtemps, je me suis souciée du regard des gens, je cherchais à vivre conformément aux diktats de la société : être mariée à un âge donné, avoir des enfants à un autre, avoir peur du regard de la société quand ces deux événements ne se produisaient pas comme cela se devait.
A l’époque je n’étais pas suffisamment mûre, je n’avais pas suffisamment confiance en moi, pour prendre en compte le fait qu’il y avait une part de chance et de destinée dans le fait de se marier et.... d'avoir des enfants.
Aujourd’hui je ne suis plus cette femme là: je ne suis pas mariée, j’ai eu mon enfant assez tard (selon l’horloge sociale) et je m’en porte très bien. J’ai réussi à me libérer de ces injonctions.
Par ailleurs, quand j’ai eu mon fils, au quotidien, j’avais l’impression que pour être une bonne mère, je devais renoncer à être une femme et une bonne conjointe. Il y a une telle exigence de la société en générale envers les femmes et les mères !
J’ai appris à cumuler toutes “mes vies” sans me perdre en chemin parce que j’ai fini par comprendre comme je l’ai dit tout à l’heure, que je ne pouvais pas être une bonne mère et une bonne conjointe si je n'étais pas moi- même une femme épanouie.
Je ne me mets plus de pression inutile, je me concentre sur mon épanouissement et le reste suit: tout est une question d’équilibre.
Comment êtes-vous arrivée à ce niveau de détachement si je peux m'exprimer ainsi?
Je pense que cela vient avec le temps, avec les épreuves de la vie, beaucoup de lecture également. Le Développement Personnel m’a beaucoup aidée. Mais je dirai surtout que c’est une quête permanente: je suis en perpétuelle construction.
Quels sont les livres que vous recommanderiez?
Je vous en propose quelques uns.... mais je continue d’en découvrir et de lire tous les jours:
- Le pouvoir du Moment présent: Eckhart Tolle
- Pouvoir illimité : Anthony Robbins
- Ta 2ème vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une Isabelle Giordano
- L’alchimiste Paolo Coelho
- Miracle Morning HAl Elrod
- Les 4 accord Tolteques: Miguel Ruiz
- Le magazine Psychologies
Ce qui importe c’est de continuer à lire et à s’améliorer tous les jours.
Qu'est-ce qui vous motive chaque jour ?
Je pense que je suis quelqu’un de résolument optimiste: je pense toujours que quelque chose de bien va m’arriver, que quelque chose de bien m’attend et que tant que je poursuivrai le chemin, je suis sur la bonne voie pour l’atteindre.
Mon autre source de motivation est mon boulot : j’aime être utile aux autre, j’aime l’idée de bâtir une carrière en partant de très loin.... et mon fils bien sûr <3.
Vous êtes très orientée sur le développement de la femme. Votre fils ne se sentira pas un peu laissé pour compte?
Il y a un quiproquo souvent lorsqu’on parle d’égalité hommes femmes et de développement des femmes: l’égalité et le développement des femmes ne signifient pas qu’on va retirer des droits aux hommes et qu’on va les piétiner.
Ce n’est pas parce que mon fils grandira en étant conscient que les femmes doivent être respectées, qu’elles ont les mêmes droits et la même valeur que lui, qu’il se sentira diminué.
Cela me fait penser à la citation suivante :
When You’re Accustomed To Privilege, Equality Feels Like Oppression
Beaucoup s’opposent à l'égalité hommes-femmes parce qu’ils ont tellement vécu avec les privilèges qu’offre le patriarcat qu’ils s’imaginent que l’égalité les opprimera.
Moi je pense que l’égalité est une force pour l'humanité et que nous pouvons tous être égaux à la fois tout en vivant en harmonie.
J’ai bien conscience qu’il faut énormément de temps pour atteindre un tel équilibre, mon fils est né dans un monde d’hommes, il vient donc y trouver tous les privilèges liés au patriarcat, mais je voudrais qu’il fasse partie de cette génération qui changera la donne.
Quel conseil donneriez vous à une femme qui se sent seule et incomprise dans cette société et qui plus est manque de confiance en elle?
Je lui dirai de se concentrer d’abord sur elle même, cela ne veut pas dire être égoïste. Ce que j’entends par là, c’est qu’elle doit identifier ce qu’elle veut elle -même en tant qu’individu: quels sont ses rêves? sa vision? ses désirs? (et pas ce que la société voudrait qu’elle soit)
C’est un exercice très difficile qui prend du temps mais qui est primordial, surtout en Afrique où tout le monde a son mot à dire sur ce qu’une femme devrait être, sa vie, ses choix etc.
Ensuite il lui faut investir en elle-même, s’éduquer car le savoir est un un pouvoir. Avec le savoir on peut construire sa vie et rebondir en cas de coups durs.
Beaucoup de jeunes filles misent tout sur le physique et la beauté et donnent une apparence de grande assurance et de confiance en elles. Certes la beauté est un trésor. Mais il y a un trésor encore plus grand que la beauté: l’éducation!
La beauté seule ne suffit pas, il faut de la profondeur qui l’on veut réussir: s’éduquer, accumuler le plus de savoir possible parce que la beauté passe mais le savoir que vous possédez si vous l’actualisez régulièrement, dure à vie.
En ce qui concerne la confiance en soi, elle s’acquiert avec le temps: elle peut lire, se faire coacher, participer à des groupes de discussion etc... mais investir en elle-même est très important.
Et elle peut aussi s’inscrire pour recevoir les Newsletter de mon blog 😊
Vous considérez- vous comme un coach de vie ?
Absolument pas, coach c’est un vrai métier, même si beaucoup dénigre ces gens là. Comme je vous l’ai dit, je suis moi-même en “construction”.
Mon objectif est de partager mon vécu, mes expérience et mes lectures avec mes « sœurs » sur mon blog. Si cela peut aider ou impacter d’une façon ou d’une autre tant mieux.
Comment vous est venue cette décision de mettre votre vécu au service des autres?
J’ai toujours aimé écrire et j’ai toujours été sensible aux sujets qui touchent les femmes Faire ce Blog est une parfaite combinaison des deux.
Quels sont vos projets par rapport à votre blog?
Je continuerai à écrire sur les sujets qui m’intéressent et pourquoi pas un livre de développement personnel qui tienne compte des réalités africaines... un jour?
Et je pense également à d’autres projets mais c’est encore trop tôt pour les évoquer.
On vous souhaite l'accomplissement de tous ces projets donc.
Merci
Vous êtes passionnée de mode. Quelle est votre tenue fétiche ?
C’est une tenue dans laquelle je me sens belle, confortable et pleine d’assurance Il ne s’agit donc pas pas d’une seule tenue. Mes goûts sont très éclectiques.
Un conseil vestimentaire à nous donner peut être?
Soyez vous-même, même si vous êtes une victime de la mode, restez authentique.
Sur votre site Éclosion, vous vous présenter en ces termes : une femme africaine ordinaire à la vie Imparfaite. Je ne suis ni un exemple de réussite, ni une référence, ma vie ressemble à celle de tant d'autres femmes
Mais nous sommes curieux d'en savoir un peu plus sur cette femme à la vie Imparfaite. Que pouvez vous nous dire sur vous?
Je suis une femme, qui aime profondément la vie, malgré ses difficultés. Je suis quelqu’un de très curieux, j’ai soif d’apprendre.
Comme beaucoup de femmes de ma génération j’essaye de bâtir ma carrière professionnelle tout en menant de front ma vie de femme, en m’occupant de ma famille, et en poursuivant mes rêves.
Un mot de fin ?
Je pense que chaque femme, quelle que soit sa condition sociale de départ a le potentiel pour réussir sa vie et ce, en dépit de tout. Je crois en NOUS!
Nous avons juste parfois besoin d’être encouragée et accompagnée, nous avons parfois besoin de savoir que nous ne sommes pas seules et que d’autres femmes vivent les mêmes choses que nous.
L’objectif de mon blog c’est de faire ma petite part en partageant sur tous les sujets qui nous touchent avec d’autres femmes. Si cela peut aider ne serait ce qu’une seule femme, qui ensuite en parlera avec une autre etc...alors mon objectif sera atteint.
Enchantée de vous avoir dans nos vies
Avec plaisir et merci beaucoup.
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