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Que pense Maurel HOUNGAVOU de l'entrepreneuriat en Afrique?

January 19, 2023

Donner vie à un projet dont on est soi-même l’initiateur, c’est ça entreprendre. L’entrepreneuriat demeure encore aujourd’hui un sujet qui passionne par les diverses expériences des entrepreneurs prédécesseurs et de l’engouement des nouveaux à se lancer dans le domaine.

Maurel Houngavou fait partie de la première catégorie, jeune homme avec huit (8) ans d’expérience déjà dans le domaine. Que pense-t-il de l’entrepreneuriat en Afrique ? Découvrez dans cet interview, son avis.




Parlez -nous de vous et de vos activités ?

Maurel Houngavou, je suis bĂ©ninois rĂ©sident en guinĂ©e depuis près de 25 ans maintenant. J’entreprends depuis 7 Ă  8 ans, mais disons que les trois (3) premières annĂ©es, j'ai travaillĂ© en freelance. J’ai montĂ© il y a tout juste 5 ans ma première structure : Toogueda, qui fait principalement de l’accompagnement d’entreprise. 

Je suis également cofondateur, depuis 3 ans, d’une agence de communication digitale (UNIK) dont la vision est de devenir 360. Par ailleurs, je suis manager de Dimedislam, un groupe de slameur africain de nationalité guinéenne qui a pour ambition de s’étendre au monde. Notez qu’on est champion d’Afrique 2022 et vice-champion du monde dans la catégorie slam et poésie.

Maurel est un grand passionné de communication, de marketing, de photographie et de nourritures (rire).

Mes passions m’ont amené à être consultant aujourd’hui dans l’une des plus grandes entreprises de communication en Afrique de l’Ouest (Totem expérience).

Toogueda, qu’est-ce que c’est ?

Toogueda est spĂ©cialisĂ© dans l’accompagnement d’entreprises Ă©voluant sur le territoire guinĂ©en. Nous sommes encore en pleine capitale et nous visons beaucoup plus les secteurs culturels et crĂ©atifs (ICC), tels que la mode, la peinture, l’artisanat, l’art visuel, la coiffure ; pourquoi ces secteurs ? 

Tout simplement parce que nous les maitrisons, nous sommes capables de rediriger notre énergie, notre expérience et l’orienter correctement afin d’avoir des résultats concrets avec les entrepreneurs.


Comment faites-vous pour gérer toutes ces activités ?

C’est une question d’organisation, mais honnĂŞtement ce n’est pas facile et je ne dirai pas que je suis le plus organisĂ©, tout le contraire. 

Comme la plupart des crĂ©atifs, excusez-moi pour le thème ; je suis bordĂ©lique. Au dĂ©but, je gĂ©rais en fonction des urgences et j’ai plus tard appris ce qu’on appelle : l’ignorance sĂ©lective. Je choisissais mes combats. 

Par exemple, j’ai décidé qu’avec UNIK, je ne serai pas à l’opération, il y a donc une équipe qui s’en charge avec ma cofondatrice. Toogueda a également ses collaborateurs et cette année, nous allons passer de 13 collaborateurs à 20.

Et c’est pareil pour mes autres activités, j’ai des collaborateurs avec qui je travaille. Ma plus grosse difficulté reste la ressource humaine. Je galère énormément de ce côté. Où trouver la main d’œuvre qualifiée ?


Comment êtes-vous devenus entrepreneur ?

Tout a commencé au lycée, j’ai vécu une expérience assez traumatisante dans mon lycée. Je vous raconte la petite histoire :

Mon père enseignait dans le lycĂ©e le plus huppĂ© de la ville, j’ai ainsi eu la chance de pouvoir intĂ©grer cette Ă©cole. Mais vous savez, qui dit lycĂ©e huppĂ©, dit “enfant de boss”. Quand tu viens d’un milieu modeste et que tu Ă©volues dans ce milieu, très vite, tu as envie de faire comme eux ; avoir les mĂŞmes paires de chaussures Ă  la mode alors que tu n’en as pas vraiment les moyens. 

Mes réflexions ont démarré à ce moment. Je me suis demandé comment mes camarades faisaient, mais j’ai compris que c’était grâce à leurs parents qui étaient soit directeurs de société, des chefs de divisions, etc.

J’avais chez moi les deux profils, un père salariĂ© et une mère entrepreneur, j’ai vite su ce que je voulais. Entre la rage de ne pas avoir les pairs de chaussures que tu veux faute de moyens et la rĂ©silience de ma mère, j’ai dĂ©cidĂ© de me “chercher” après le BAC. 

Ça a commencé par un morceau de rap que j’ai posté sur YouTube puis j’ai été contacté par le directeur d’une agence de communication qui m’a proposé de rejoindre la boîte en freelance. J’ai appris la photographie en travaillant pour eux et de là est né ma passion. Tout s’est par la suite enchainé.


Quelles ont été vos difficultés ? Comment vous en êtes-vous sortis ?

J’ai connu une difficulté que je ne sais toujours pas comment nommer. Quand on voit ma tête, on me donne souvent 18 ans. Quand je me présente devant de potentiels partenaires ou prospects, c’est en mode : “toi, tu es un lycéen, d’où tu sors à me proposer telle ou telle chose”

J’ai longtemps subi des prĂ©judices Ă  cause de ma jeune apparence. J’ai appris Ă  me faire ma place, Ă  me faire respecter par la force de mon travail. Je n’ai misĂ© que sur ça et je me suis dit, que si ma tĂŞte n’imposait pas le respect, mon travail le ferait. 

J’avais d’ailleurs pris la résolution de ne donner aucune interview durant 3 ans minimum et je n’ai repris que tout récemment. Je pense qu’Il est temps pour moi de sortir de l’ombre et de partager au monde mes connaissances.


Que pensez-vous de l’entrepreneuriat en Afrique ?

Pour moi, c'est une des plus grosses solutions à la pauvreté et au manque de développement. Un entrepreneur est un grand rêveur, nous avons de grandes ambitions. On note aujourd’hui une grande avancée dans ce secteur avec les levées de fond pour aider les entrepreneurs et les solutions africaines qui sont aujourd’hui sur le plan international. C’est une fierté.


Quels sont les enjeux de cet écosystème ?

Entreprendre en Afrique, c'est complètement différent grâce à notre richesse culturelle, et celle de notre sous-sol. En considérant simplement l’intérêt que nous portent actuellement les autres continents, on doit comprendre que c’est le moment de s’y mettre nous même à fond et ne pas louper la révolution numérique. À nous de préserver le patrimoine que nous avons et de savoir exploiter ce diamant brut que nous avons et d’en faire une matière à forte valeur.


Deviens entrepreneur qui veut ou qui peut ?

Vouloir, c’est pouvoir, dit-on. DĂ©jĂ , on ne naĂ®t pas entrepreneur, mais on le devient et pour le devenir, il faut s’en donner les moyens. Il faut ĂŞtre prĂŞt Ă  sacrifier ce qu’il faut et Ă  travailler sans abandonner. 


Selon vous, est-il important pour un entrepreneur d’avoir un site web ?

Je n’ai pas encore de site internet, mais il est en cours de dĂ©veloppement. 

Je pense que tout dĂ©pend du secteur dans lequel l’entreprise se situe. Lorsque vous proposez des services, pour gagner en temps, il est primordial d’avoir une plateforme sur laquelle on a toutes les informations de l’entreprise par rapport au prix, aux donnĂ©es, aux dĂ©tails des services. 

Par contre, pour un entrepreneur qui a entamĂ© une vente en ligne, il peut se contenter des rĂ©seaux sociaux ; sauf qu’à partir du moment oĂą son organisation devient plus grosse et plus importante, il aura besoin d’automatiser son business. Et lĂ  d’un site internet pour toucher l’international. 

Un site doit être déployé au bon moment, ça ne sert à rien d’avoir un site web si tu as zéro (0) produit ou que ton produit n’est pas bon.


Selon vous, est-il important pour un entrepreneur d’être sur les réseaux sociaux ?

En matière de canaux d’acquisition, les réseaux sociaux sont très importants. Mes réseaux me permettent de partager mes connaissances. Ils permettent pour une structure de marquer son savoir-faire, sa spécialité et de montrer que pour tel besoin, nous sommes disponibles.


Que tirez-vous aujourd’hui de votre expérience ?

S’il y a quelques chose Ă  retenir c’est qu’un entrepreneur ne doit pas stagner. Il faut tout le temps se rĂ©inventer. La diffĂ©rence entre un entrepreneur Ă  succès et un entrepreneur lambda, c'est la capacitĂ© Ă  se remettre en cause. 


Quelques conseils

L’optimisation, c'est la clé du succès. Il faut toujours chercher à mieux faire que la veille. Vraiment bon courage à tous.


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